Le trou de mémoire ou trou noir lié à une consommation d’alcool, se présente comme un effacement de certains évènements de la mémoire d’une personne. Celui-ci survient lorsque cette personne est en état d’ivresse.
Il arrive parfois au décours d’une consommation excessive et rapide d’alcool (binge drinking), que l’on ne se souvienne plus des événements qui s’y sont déroulés. C’est ce qu’on appelle un trou noir ou un black-out.
Selon l’OMS, le “binge drinking” est défini par « la consommation d’au moins 5 verres d’alcool lors d’une occasion ». Et pour certaines personnes bien davantage…
Le trou de mémoire ou trou noir est assez fréquent, puisque certaines études objectivent que près de 50% des jeunes adultes de moins de 25 ans l’ont déjà vécu au cours de leur vie.
Le trou noir n’est pas la même chose qu’une perte de connaissance.
Les facteurs de risques
La vulnérabilité à la consommation excessive et rapide d’alcool varie selon les personnes.
Plusieurs facteurs de risques ont été identifié. L’expression de gènes impliqués dans la neurotransmission et dans le métabolisme de l’alcool, a notamment été démontrée. Mais il faut également noter la présence d’autres facteurs de risques, tels que : la fatigue, la consommation d’alcool à jeun, les antécédents de traumatisme crânien ou la consommation simultanée de benzodiazépines, comme le Valium ou de marijuana, etc. En outre à poids et corpulence identiques, les femmes sont plus sujettes aux trous noirs que les hommes pour une même quantité d’alcool ingérée.
On distingue généralement deux types de trou noir.
On distingue généralement deux types de trou noir. Ils sont définis par la gravité de l’altération de la mémoire.
Le trou noir fragmenté ou trouble de mémoire partiel
C’est le type le plus courant. Il se caractérise par l’oubli de certains détails ou d’une partie des souvenirs, des événements. La victime ne se rappelle que d’événements ponctuels. Elle présente des « îlots » de souvenirs, séparés par des périodes manquantes entre eux. Ce type de trouble de mémoire est parfois appelé, trou gris ou un trou brun car, il est parfois possible de se rappeler par la suite d’une partie des souvenirs « oubliés ».
Le trou noir sévère ou trouble de mémoire complet
La personne est incapable de se rappeler le moindre détail en lien avec les événements qui se sont déroulés, lors de la consommation d’alcool. Cette perte de mémoire peut souvent concerner une période de plusieurs heures, et est aussi connue sous le nom de trou noir « en bloc » ou « complet ». C’est comme si ces événements n’étaient jamais arrivés. La perte de mémoire est en général définitive et les souvenirs ne pourront pas être récupérés. Ce n’est qu’en se réveillant le lendemain, qu’on s’aperçoit que l’on ne se souvient plus de ce que l’on a fait pendant la soirée. C’est une expérience particulièrement angoissante.
La mémoire épisodique est altérée
Les informations en provenance de nos organes des sens sont traitées, interprétées et intégrées dans la partie temporale du cerveau dénommée « hippocampe ». Celle-ci est chargée de gérer les processus de mémoire à court terme.
Ces informations sont ensuite transférées pour être stockées définitivement dans d’autres régions du cerveau, constituant ainsi notre mémoire à long terme. Celles-ci sont rangées dans plusieurs compartiments distincts.
Ainsi, les souvenirs d’événements vécus sont rangés dans ce que l’on appelle la mémoire épisodique. C’est grâce à cette forme de mémoire, que l’on peut se rappeler par exemples des moments de fête qui entourent la réussite à nos examens, ou de nos dernières vacances, ou du jour de notre mariage, etc.
Lors d’un épisode de trou noir consécutif à la consommation d’alcool, ce sont les processus affectant le transfert des informations à ranger dans la mémoire épisodique, qui sont sélectivement altérés. A l’opposé, d’autres compartiments de la mémoire à long terme, ne sont pas ou peu affectés. Grâce à ces capacités préservées, la personne reste donc capable de mettre en place des comportements complexes, comme tenir une conversation ou conduire, sans pour autant pouvoir s’en souvenir plus tard.
Les substrats neurochimiques de la mémoire à long terme
Parmi les régions du cerveau les plus sensibles aux effets inhibiteurs de l’alcool, figure l’hippocampe. L’alcool perturberait différents processus neurochimiques qui y sont impliqués, et en particulier les phénomènes dits de « potentialisation à long terme » (PLT).
La PLT est considérée comme l’un des substrats neurochimiques de la mémoire à long terme. Il est grandement perturbé dans l’hippocampe, sous l’effet de l’alcool. Il s’agit d’un processus par lequel la communication entre deux neurones est durablement facilitée, permettant ce qu’on appelle la plasticité synaptique ou neuronale. Cette plasticité correspond à la capacité des neurones, à modifier les connexions qu’ils ont établies entre eux à travers les synapses, pour permettre les processus de mémorisation et d’apprentissage.
L’alcool qui est considérée comme une drogue car sa substance modifie l’activité neuronale, interfère avec le processus de la PLT. Ceci entraîne des répercussions négatives sur le fonctionnement de la mémoire, et en particulier sur le stockage de souvenirs en mémoire épisodique.
Il a été observé que 48 heures parfois après l’abus d’alcool, les capacités d’apprentissage étaient affectées. Des chercheurs sont parvenus à expliquer pourquoi le délai était assez long entre la consommation d’alcool et la survenu des troubles de la mémoire.
En pratique
S’il vous arrive de subir des épisodes réguliers de trous noirs, c’est le signe qu’il faut changer vos habitudes de consommation d’alcool. Ils sont le signe d’une consommation excessive d’alcool, qui commence à être dangereuse. En effet les trous noirs réguliers sont nuisibles pour la mémoire à court terme, et surtout à long terme.
En outre, la fréquence des trous noirs prédit d’autres conséquences liées à l’alcoolisme, tel que : l’absentéisme au travail ou à l’école, la baisse du rendement scolaire, le fait de se blesser, de se retrouver aux urgences, d’être arrêté(e) pour violence voire viol, ou de subir d’autres événements négatifs, etc.
Par ailleurs, si vous buvez à la maison, il est fort probable que vous ne soyez pas toujours conscient de vos trous noirs. En effet, en buvant de l’alcool dans un environnement familier, sans aucun contact avec l’extérieur, les troubles de la mémoire passent plus facilement inaperçus.
Dr ETTIEN Félicien
Médecin-blogueur
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