La dyspareunie se définit comme une douleur ressentie pendant les rapports sexuels. Or, il n’est pas normal d’avoir mal lors des rapports sexuels.
80% des dyspareunies ont une cause physiologique, plus ou moins grave, et cela doit être pris en charge par le gynécologue. C’est une affection réversible dans la plupart des cas.
Pour la femme qui est confrontée à une dyspareunie, le rapport sexuel peut se transformer en un moment d’intense souffrance physique et psychique. On comprend dès lors que des questions surgissent dans son esprit à savoir : que se passe-t-il et que puis-je y faire ?
Tâchons donc de répondre à ces questions !
Que se passe-t-il ?
Une étude menée aux USA, par l’équipe du Pr Allison Carter de l’Université de New South Wales de Sydney, en Australie, a fait ressortir les principales localisations de la dyspareunie chez les femmes vivant aux USA. Elle a exploité les données de l’Enquête nationale de 2018 sur la santé et le comportement sexuel menée aux USA.
Ainsi, sur un total de 2007 femmes âgées de 14-49 ans qui ont participé à cette enquête en ligne, 382 femmes adultes avaient signalé présenter des rapports sexuels douloureux ou dyspareunie au cours de la dernière année.
Parmi celles qui ont signalé une dyspareunie, la plupart, soit 81,6% ont déclaré que ces rapports sexuels étaient « un peu douloureux ».
La dyspareunie superficielle
Pour 31,5% des femmes qui ont déclaré présenter une douleur lors des rapports sexuels, la dyspareunie s’est produite à l’entrée du vagin.
La dyspareunie est dans ce cas dite superficielle. La douleur apparaît au début de la pénétration et est ressentie au niveau vulvaire (vulve, clitoris), mais également au niveau du périnée. Ce type de dyspareunie s’observe dans de multiples circonstances telles que :
- Les toilettes intimes (vaginales) répétées plusieurs fois par jour, et surtout la douche vaginale, qui sont à proscrire : elles perturbent la flore vaginale, et finissent par assécher le vagin. Il en est de même pour les tampons utilisés en dehors des règles, et qui assèchent aussi terriblement les muqueuses.
- Les infections : mycoses, vaginose, papillomavirus, Trichomonasqui sont à l’origine de leucorrhées infectieuses.
- La cicatrice d’épisiotomie, qui demeure douloureuse à l’endroit où elle a été pratiquée.
- L’excision qu’elle soit bien ou mal faite, surtout lorsqu’elle ne se limite pas au clitoris mais est assez étendue. Cette mutilation délabrante est bien souvent cause de dyspareunie.
- Une malformation de l’hymen, que l’on appelle bride, rend l’intromission du pénis éprouvante. La douleur est dans ce cas présente depuis le début des rapports et tout au long de ceux-ci.
- Certaines maladies dermatologiques, (comme le lichen scléreux ou plan, la maladie de Bowen, etc.).
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La dyspareunie profonde
Pour 34,4% des femmes qui ont déclaré présenter une douleur lors des rapports sexuels, la dyspareunie est apparue à l’intérieur du vagin.
La dyspareunie dans ce cas est dite profonde.
Elle s’observe lors des mouvements de va et vient dans la cavité vaginale, ou est ressentie dans le fond du vagin, voire jusque dans le bas-ventre, lorsque le pénis touche le fond du vagin.
Ce type de dyspareunie s’observe dans des circonstances telles que :
- La carence hormonale lors de la ménopause. Celle-ci est génératrice de sécheresse vaginale, et peut rendre les rapports sexuels douloureux.
- Les infections : mycoses, vaginose, papillomavirus, Trichomonas etc. qui sont à l’origine de leucorrhées infectieuses.
- Le col de l’utérus : Certaines femmes ont même été capables d’identifier un point précis au contact duquel se déclenche la douleur. Ainsi, pour 17,4% des femmes qui se plaignaient de dyspareunie profonde, cette douleur lors des rapports sexuels, est survenue au niveau ou autour du col de l’utérus.
- L’endométriose, qui est une maladie caractérisée par le développement de la muqueuse de l’utérus en d’autres endroits de la cavité vaginale. Elle aussi est une cause fréquente de dyspareunie.
- La cervicite ou infection du col de l’utérus.
- Le fibrome utérin, voire l’utérus poly fibromateux.
- Les salpingites ou infection des trompes.
- Le kyste et tumeur de l’ovaire.
En fonction de son origine, la dyspareunie peut être accompagnée de pertes de sang, de sécrétions vaginales anormales avec des odeurs fortes provenant des zones génitales (leucorrhées infectieuses).
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Causes non génitales des dyspareunies
La dyspareunie ou la douleur lors des rapports sexuels peut avoir une origine qui n’est pas en rapport avec une affection de l’appareil génital.
C’est le cas au cours de certaines affections situées au niveau anal et/ou rectal, au niveau du coccyx, près de l’os pubien, autour de la vessie et de l’urètre, ou encore à la symphyse pubienne ou dans la région inguinale. Les troubles digestifs en particulier la colopathie, la constipation chronique, les hémorroïdes, les infections digestives, etc., constituent autant de maux qui peuvent engendrer des dyspareunies.
Notons également que la dyspareunie peut ne survenir que dans certaines positions sexuelles qui permettent une pénétration vaginale profonde (notamment la position en levrette – pénétration vaginale par l’arrière). Mais également lorsque le partenaire masculin est doté d’un pénis proéminant, ou lors de rapports sexuels brutaux.
Que faut-il faire ?
Il ne faut pas hésiter à prendre rendez-vous avec votre médecin, mieux avec votre gynécologue.
Pour ce faire, la femme doit apprendre à être à l’écoute de son corps. Elle doit apprendre à connaitre les messages que lui envoie son corps en particulier lors des rapports sexuels douloureux.
Elle pourra ainsi recueillir une série d’informations sur la dyspareunie qui seront utiles au gynécologue, à savoir :
– la localisation exacte de la douleur (à l’entrée, au fond du vagin, au niveau du périnée, ailleurs dans le bassin ou dans l’abdomen, etc.)
– le type de la douleur (s’agit-il de brûlures, crampes, étirements)
– le moment où la douleur apparaît (uniquement pendant les rapports sexuels ou après les rapports, en urinant, en allant à la selle, etc.)
– l’intensité de la douleur (Est-ce qu’elle est toujours identique ou est-ce qu’elle varie)
– les éléments qui accompagnent la douleur (saignements, leucorrhées, démangeaisons, etc.)
Sachez que le bilan de santé peut être assez long, car après avoir examiné la patiente, le médecin peut être amené à prescrire certains examens complémentaires. Surtout si la cause de la dyspareunie n’est pas évidente.
Parfois la dyspareunie peut être d’origine psychologique, relevant de causes multiples. (Tension dans le couple, expérience d’agression sexuelle, etc.).
Une fois la cause trouvée, un traitement approprié pourra être institué en vue de soulager la souffrance de la femme et du couple. .
Dans l’attente des résultats d’analyses, et d’un traitement approprié de la dyspareunie, le couple peut faire usage de méthodes adjuvantes lors des rapports sexuels. Ce peut être l’utilisation :
– D’un gel lubrifiant qui facilite la pénétration et peut atténuer la crainte des douleurs chez la femme.
– D’un préservatif surtout en cas d’infection génitale de la femme, permet à l’homme de ne pas être contaminé. Cela permet d’éviter que la femme qui est sous traitement ne soit à nouveau contaminée par l’homme à la fin de sa cure.
– D’un anesthésiant local sous forme de pommade et à base de lidocaïne permet de diminuer la dyspareunie et de rendre les rapports sexuels possibles chez un certain nombre de patientes.
Les causes de dyspareunie sont nombreuses, et il peut arriver que le gynécologue soit amené à faire appel à d’autres spécialistes lors de ses investigations, en vue d’instaurer un traitement efficace.
Souffrir de dyspareunie n’est donc pas une fatalité.
L’objectif pour le gynécologue, est de faire disparaitre la douleur afin de remettre le plaisir au goût du jour. Il y va en grande partie de l’harmonie de la vie du couple.
Dr Ettien Félicien
Médecin-blogueur